Skip to main content

Voici comment on lavait le linge dans le bas du bourg du Fief-Sauvin

Le système le plus ancien existait encore en 1948, le long de la venelle qui longeait le café de Clarisse Clémot. Adossé à un mur classique de maçonnerie, un appenti, couvert en tuiles, mais dont la face avant était en planche, recevait le fourneau construit en pierres et en briques.

Il recevait un chaudron de cuivre au flan incurvé, renforcé au pourtour par une bande de fer, avec deux poignées. Il était d’un diamètre de 0,70 mètre et est toujours utilisé, comme réserve d’arrosage en 2014, au 34 rue du Camp de César. La fumée était évacuée par une petite cheminée en briques sur champ, accolée au mur du fond. A gauche, un peu plus haut que le dessus du chaudron, se trouvait sur une plate-forme : la « pone ».

Au Fuilet où ce récipient circulaire était fabriqué, on disait une panne. Il y en avait de différentes dimensions, suivant l’importance de la maisonnée et donc aussi de la contenance du chaudron. Pendant le temps de chauffe de l’eau du chaudron, on commençait par mettre au fond de la pone, des copeaux de bois blanc pour le drainage, puis un drap replié contenant de la cendre de bois. On plaçait dessus, le linge le plus sale, puis les draps, les mouchoirs, les gilets de peau des hommes, le linge de corps. Tout au-dessus, était le linge de couleur, pour ne le laisser qu’une heure ou deux. Chez certains, bonde fermée, on laissait tremper le linge toute la nuit dans l’eau froide, chez d’autres, dans de l’eau chaude.

 Quand l’eau du chaudron était chaude, elle était prise avec le godet à long manche, et versée sur le dessus du linge. Après avoir traversé le linge et s’être imprégné de la cendre, le « lessi » retournait dans le chaudron pour être réchauffé, grâce à un tuyau-bonde : le « pissot » ou « pissou ». Il ne fallait pas mener la lessive trop vite, c’est à dire chauffer trop fort. Cela cuisait les taches, qui partaient plus difficilement.

Ce godet à long manche, de vingt centimètres de diamètre et vingt-cinq de hauteur, était traversé par une douille qui se prolongeait à l’extérieur et par où était introduit le manche. Il était nommé dans le commerce, pot à lessive ; mais populairement : « vouille-buée », « vouède-buée » et au Fief Sauvin, « wouède-buée ». La plupart terminèrent leur emploi, en remplissant la tonne à eau à la mare ou à la rivière, pour abreuver les bestiaux, ou encore pour faciliter la reprise à la plantation, des betteraves et des choux, en arrosant  »sous la tranche  » ou encore pour remplir la tonne de purin avant de l’épandre sur les champs.

Jusqu’en 1948, l’eau était encore chauffée dans le chaudron, mais le mère Bosseau, lavait le linge à la brosse sur une « selle » posée dans l’allée du jardin. C’était une planche d’un bon mètre de long sur cinquante centimètres de large, montée sur pieds pour être à la hauteur de la ceinture. En légère pente, le lessi était récupéré dans la grande bassine d’où on sortait le linge ? En haut, deux petits bouts de bois retenaient le savon de Marseille.

Peu après le début du XXème siècle, ce système sera remplacé. Mme Valentine Biotteau, née Vincent en 1913, se souvenait encore en décembre 2004, avoir vu une installation semblable en fonctionnement chez sa grand-mère à la Boissière-sur-Evre, quand elle était toute jeune. Le 16 août 1908, le conseil municipal du Fief-Sauvin estime  »qu’une somme de 61 francs environ, soit prélevée sur les excédents 1907 pour l’achat d’une lessiveuse en fonte et d’une panne pour servir au blanchissage de l’institution communale  ». Là encore, il ne faut pas confondre ce chaudron en fonte, qui souvent dans les fermes avait d’autres usages, et qui remplaçait le chaudron de cuivre, enchâssé dans un fourneau de maçonnerie et de briques.

La lessiveuse en tôle galvanisée serait apparue peu avant 1900. C’est une haute bassine, légèrement évasée, avec un tuyau central en appui sur une base cylindrique perforée, assurant sous le linge une réserve d’eau. Lorsque l’eau arrive à l’ébullition, elle remonte par ce tuyau, et s’étale sur le linge grâce à la tête en forme de champignon. Pour empêcher le linge de remonter, une armature de fil de fer entourait le champignon, et plusieurs tiges se fixaient horizontalement dans des petits tubes soudés sur la paroi inférieure de la lessiveuse. Par analogie, quand l’eau sortait par le champignon, on disait : « ça wouède ». On diminuait le bois sous la lessiveuse, la braise suffisait pour entretenir le circuit de l’eau. Cette lessiveuse avait comme première appellation « buanderie domestique » ou « savonneuse à circulation ». Mais il y avait des jours de chômage complet pour la lessive : la semaine sainte, la semaine dans l’octave du Sacre, le jeudi de la Fête Dieu. On disait que « la femme qui fait la buée ces jour-là, lave son suaire ». Avec la machine à laver le linge, il n’y a plus de réserve de ce côté-là. Au cours d’un voyage, un vendéen déjà âgé se gaussait du labeur de ces dames : « elles savant pas quoi faire dans la semaine, mais faut qu’elles lavant leu linge le dimanche ».

Jean-Louis Perdriau, le lundi de Pâques 2014.

Le rinçage se faisait au « douet’ » au fond du jardin. Ceux qui n’avaient pas d’eau sur place, allaient à la rivière l’Evre par le chemin des Moulinards. Il était nommé le chemin des calavarines ? Par la suite, la municipalité fit creuser un lavoir dans les Terres Noires, en haut du chemin déjà indiqué.

Commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *