A Melay, une visite sous le signe des arbres
Cette seconde journée avait pour objet de poursuivre une série de rencontres, qui se dérouleront au cours des prochains mois, au rythme d’une fois par mois, dans les différentes communes historiques de Chemillé-en-Anjou.
Le but est de permettre aux acteurs de la commune qui sont intéressés par les questions patrimoniales, de faire connaissance entre eux, de découvrir les richesses patrimoniales de toute nature réparties sur l’ensemble du territoire communal : bâti civil, religieux, manoirs et châteaux, parcs et jardins, patrimoine rural, entreprises et installations industrielles, savoir-faire et métiers, produits agricoles ou industriels, traditions, littérature et œuvres d’art, objets mobiliers, périodes et faits historiques, mémoire orale, gisements archéologiques, sites et paysages, biodiversité, …
En découvrant ainsi les richesses du territoire sans a priori, l’idée est de donner le temps et l’occasion aux acteurs d’échanger entre eux et de faire ainsi remonter une vision de terrain de ce qui pourrait être commun aux différentes parties du territoire entre elles ainsi qu’avec les territoires environnants, soit à l’intérieur des Mauges soit en-dehors. Il s’agit d’identifier quelles histoires fédératrices et porteuses de sens se dégagent aujourd’hui, pour nous, de ce patrimoine de territoire dont nous sommes dépositaires. Sur cette base, il sera ensuite proposé aux acteurs que cela intéresserait, de réfléchir avec les élus, à ce que pourrait être une stratégie de territoire au plan patrimonial.
Melay est l’une des communes des Mauges qui tire son nom d’une essence ; le pommier en l’occurrence. C’est justement à l’occasion d’un rassemblement des « Melay » de France, que chaque commune est venue avec un plant de vigne qui a été planté dans le jardin de la Cure. Réhabilité à l’aide du 1% paysage de l’A87, ce jardin n’est pas qu’une vitrine ; il est toujours vivant et des bénévoles y cultivent plusieurs lots pour « les restos du cœur ». C’est aussi à cet endroit que subsiste un vieux châtaignier greffé. Benoit Hutzinger, agriculteur de la ferme des Blottières, tente justement de sauver cette vieille variété des Mauges appelée « marron noir ». Des greffons ont été prélevés avec l’aide de Mission bocage et une production de confiture de marrons est aujourd’hui réalisée. Des greffons ont aussi été prélevés sur le vieux châtaignier de la proche « croix des martyrs ». Ce nom évoque un chapitre douloureux de la commune : 52 habitants de Melay ont été sommairement exécutés le 25 janvier 1794 par les soldats du général Cordelier. La Chapelle des martyrs, construite en 1875, rappelle cette histoire à l’aide d’un document sonore et une présentation d’objets. Parmi eux, un scion de peuplier est présenté. En 1874, 4 peupliers ont été plantés là où se trouvaient initialement les corps des martyrs. Abattus en 1948, pour des raisons de sécurité, un de ces arbres présentait curieusement dans sa souche le scion qui avait servi de plant et qui est aujourd’hui conservé.
La visite s’est poursuivie par la découverte du château de Bouzillé. Tout comme pour le Martreil à Sainte-Christine, le château actuel a été construit au XIXe (1855), mais cette fois-ci par un architecte parisien (Denis Destors) et à l’emplacement d’un ancien fief, seigneurie et maison forte, dont on retrouve les premières traces dès le XIIIe siècle.
A Bouzillé comme au Martreil, le magnifique patrimoine arboré (notamment une superbe allée de Sequoias) a été pensé pour interagir avec le patrimoine bâti. Des arbres, toujours des arbres…
La discussion qui a suivi en mairie a permis de mettre l’accent sur une dimension originale qui est apparue à plusieurs reprises dans l’après-midi : le patrimoine -qui puise sa source dans l’histoire- y apparaît comme toujours d’actualité et même d’avenir : le jardin de la cure et l’histoire des châtaigniers greffés en sont les témoignages. Le groupe se demande si le thème si important des « Guerres de Vendée » ne pourrait pas être abordé sous ce prisme : mémoriel bien entendu, car il s’agit de se rappeler de l’histoire avec la plus grande objectivité. Mais moderne aussi, en tentant de comprendre comment cet épisode fut fondamental (au sens étymologique du terme) pour les Mauges qui se sont totalement refondées au XIXe siècle et dont le dynamisme (associatif, entrepreneurial, agricole…) reste encore une caractéristique bien vivante ?