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Le vent au service du quotidien

Objets de débats passionnés, les éoliennes du XXIe siècle font aujourd’hui partie intégrante du paysage de nombre de nos campagnes. Elles en feraient presque oublier qu’au XIXe siècle, un autre type d’éoliennes faisait consensus et était demandé.

Du château de la Frappinière à Cossé-d’Anjou à Chemillé-en-Anjou, on ne retient ainsi majoritairement que les doubles douves et les jardins à la Française. C’est la famille de Terves qui fait reconstruire le remarquable château actuel en 1832. En 1950, le domaine est acheté par Charles Morellet, directeur des établissements de Cholet Morellet Guérineau. À l’avant des œuvres sociales, il permet aux enfants des employés d’y partir en vacances via des colonies de vacances, pour filles et garçons. Pourtant, un élément important de la vie du domaine semble cependant avoir été oublié et n’aura jamais été mis en lumière…

L’éolienne du domaine, visible sur quelques photographies, n’est pas sans rappeler les impressionnantes éoliennes Bollée qui se sont largement diffusées en France jusqu’à l’Anjou, depuis leur création au Mans par Ernest-Sylvain Bollée dès le XIXe siècle. C’est d’ailleurs lui qui a inventé le terme d’ « éolienne », entré aujourd’hui dans le langage commun. Amédée Bollée, son fils aîné, a par ailleurs fourni le beffroi métallique supportant les quatre cloches de l’église Notre-Dame de Beaupréau. De Denée à Les Cerqueux-sous-Passavant, les éoliennes Bollée étaient pour beaucoup installées dans les parcs de châteaux, les fermes, parfois même pour l’approvisionnement en eau d’espaces publics comme les lavoirs. Bien plus élaborées que les éoliennes « classiques », elles répondent à des caractéristiques bien précises, avec souvent un mât central entouré de l’escalier en colimaçon, une plateforme, un papillon de direction, et une roue fixe qui permet d’orienter le vent vers l’autre roue, motrice, à petites pales. L’ensemble est maintenu par d’épais haubans. Elles présentent également un raffinement qui confirme leur rôle important, par l’ajout d’élégantes girouettes, des points cardinaux, et de balustrades ouvragées. La source, située au pied de la machine, est protégée par un beau bâtiment. Leurs caractéristiques rappellent le principe du Bélier de la Morinière, construit et imaginé par la même entreprise Bollée. À l’intérieur, d’impressionnantes pompes permettent de puiser l’eau recherchée.

Dans les Mauges, les éoliennes de nos campagnes, bien que moins impressionnantes, n’en demeurent pas moins intéressantes et font partie intégrante du patrimoine vernaculaire. Plus ou moins hautes, elles permettaient, avec uniquement l’énergie du vent, d’assurer le pompage de l’eau au service des usages des fermes. Rouillées, de plus en plus oubliées, détruites par les tempêtes, elles sont peu à peu effacées au profit de technologies plus modernes, effaçant le souvenir des décennies où elles furent essentielles. Pourtant, en cas de coupure d’électricité, elles seraient bien pratiques !

L’histoire de ces éoliennes n’est que rarement évoquée, et mérite une mise en lumière. Si des souvenirs, des photographies, des cartes postales ou des éléments historiques sur l’éolienne du château de la Frappinière vous sont familiers, n’hésitez pas à nous partager ces éléments pour enrichir nos connaissances de ce patrimoine méconnu.

Le domaine est une propriété privée, l’ensemble est non ouvert aux visites.

Sources :

  • Le Patrimoine des Communes de Maine-et-Loire, Page 465, Flohic Editions, Tome 1, 2001.

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