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Des statues à l’incroyable destin

Il est de coutume de dire que l’église de Drain renferme un ensemble rare et intéressant de statues du XIXe siècle. Leur histoire demeurait cependant peu connue jusqu’à présent. La connaissance de ce patrimoine remarquable a franchi un nouveau cap aujourd’hui. Descendant des ateliers Angevins de statues religieuses BOURICHÉ-ROUILLARD, Christian ROUILLARD, accompagné d’Axel CHAUVEAU, mène un inventaire des statues sorties de ces ateliers, et présentes dans les communes du département. Ce mardi 22 juillet, accompagnés de la maire déléguée de Drain, Céline PIGRÉE, l’accès à l’église leur a été exceptionnellement permis afin de vérifier s’il s’agit bien des modèles en plâtre recherchés, dont certains modèles seraient uniques !

Deuxième maison française de fabrication de statues religieuses après la maison « La statue religieuse », les ateliers BOURICHÉ-ROUILLARD ont vu se succéder de talentueux sculpteurs qui ont fourni des milliers de statues, notamment pour les nouvelles églises du XIXe siècle durant cet élan de construction très conséquent. Élève de Henri-Hamilton BARRÊME (1795-1866) qui installa son atelier à Angers au milieu du XIXe siècle sur les conseils d’un membre du clergé, Henri BOURICHÉ (1826-1906) reprend l’atelier à sa retraite. Ses choix audacieux feront grossir petit à petit l’entreprise, et il devient un sculpteur de renom. Henri BOURICHÉ devenant aveugle, il passe à son tour le relais à son élève, Pierre ROUILLARD (1853-1919), arrière-grand-père de Christian ROUILLARD. La conservation des moules permet la production en série de modèles de BOURICHÉ, mais Pierre ROUILLARD édite lui-même plusieurs œuvres dans son atelier au 40 rue de Bel-Air à Angers. Son fils, Pierre, né en 1890, reprend l’atelier à la mort de son père en 1919 et à son retour du front. Se définissant plutôt comme un « éditeur » de statues religieuses, il a signé quelques tirages « ROUILLARD statuaire », mais la question de ces signatures est en réalité complexe. Père et fils portant le même prénom, il est très difficile de dire avec certitude qui a signé ces statues. Alors que le courant dit « sulpicien » est peu à peu malmené, l’entreprise décline jusqu’à fermer définitivement au début des années 1960. Moules, modèles et ateliers sont finalement détruits en 1970.

Christian ROUILLARD garde un souvenir ému de ce lieu qu’il a connu, qui renfermait l’étendue du talent de plusieurs générations de sculpteurs, et notamment de la galerie d’exposition aux dimensions impressionnantes. Si ces statues éditées en série ont souffert d’un manque d’intérêt, la population commence aujourd’hui à se rendre compte de l’envergure de la fabrique et de la qualité des exécutions. Un chemin de croix de Sainte-Anne-d’Auray vient justement d’être restauré pour le transmettre aux générations futures. Il s’agit d’un des seuls à avoir été édité en fonte. Celui de Saint-Rémy-en-Mauges, en plâtre, fut la première acquisition de cette œuvre gigantesque.

L’église de Drain a la particularité de présenter dix-neuf statues positionnées dans des niches sculptées au niveau des piliers (une statue, beaucoup plus contemporaine, est difficilement affiliable à l’atelier), ainsi que deux sculptures de gisants sous les autels latéraux de Sainte Apolline et de Saint Sébastien, dont les représentations de cette manière sont rares. Le maître autel présente un ensemble statuaire également des plus intéressants. Si la signature n’était pas systématique, la conservation, par les descendants de sculpteurs, de catalogues de l’époque, permettent de repérer les productions pouvant être dues à l’atelier.

La venue de ces deux passionnés, accompagnés par Madame PIGRÉE, a réveillé le souvenir d’une période où la ferveur a accompagné la réalisation d’œuvres d’une émouvante justesse. Elles sont désormais inventoriées et appréciées à leur juste valeur. Qui les a financées, et qui est à l’initiative de leur installation dans l’église ? Cela va faire l’objet de recherches qui s’annoncent déjà passionnantes.

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